En campagne, l’internet basse vitesse n’est pas une fatalité

La MRC d’Arthabaska se lance dans un gros chantier en voulant brancher tous ses citoyens, où qu’ils se trouvent, à un service internet à large bande. Afin de construire ce réseau de fibres optiques, un projet de plusieurs millions de dollars, elle a besoin de subventions gouvernementales. Et pour les décrocher, elle doit présenter un juste portrait de l’état de la desserte sur son territoire. Voilà pourquoi, depuis le 1er février, elle mène un double sondage.

Parce que le gouvernement a reporté jusqu’au 20 avril la fin de son programme de subventions, la MRC a prolongé jusqu’au 1er mars la date butoir pour sonder sa population.

À ce jour, la MRC a accueilli 800 réponses à son sondage d’intérêt et 550 tests de vitesse, a compilé la chargée de projet, Patricia Normand. Les 800 sondages d’intérêt correspondent à autant de répondants. Ce n’est toutefois pas le cas pour les tests de vitesse, car plusieurs répondants n’ont pas fait parvenir les trois tests requis à trois moments différents de la journée.

Il importe de faire parvenir ses tests de vitesse (téléchargement et téléversement) qui permettront de cartographier précisément le territoire, de quantifier et de qualifier l’actuelle desserte, précise le directeur général Frédérick Michaud.

 

Campagne n’égale pas fatalité

«Avec ce projet, on sort bien des gens de la résignation et on leur donne espoir d’obtenir une desserte plus efficace.» Une certaine «fatalité» règne dans les campagnes, les gens dans les rangs se sentant oubliés par les fournisseurs d’Internet, note Mme Normand. C’est d’ailleurs la question qu’elle se fait le plus souvent poser.

Le préfet de la MRC, Lionel Fréchette, également maire de Sainte-Hélène-de-Chester, sait que chez lui, comme à Saint-Norbert-d’Arthabaska, à Tingwick et dans le milieu rural de Saint-Christophe-d’Arthabaska, même en périphérie à Victoriaville, tous les résidents n’ont pas accès à la haute vitesse. «Par leur modèle d’affaires, il n’était pas rentable pour les entreprises privées de dérouler la fibre optique pour toutes les maisons de la MRC, jusqu’au bout des rangs», soutiennent M. Michaud et Mme Normand.

En construisant son réseau, «par la force de toute sa population», la MRC pourrait desservir équitablement tout son monde. «En ruralité, mais connecté», résume M. Michaud. Il évoque les possibilités qu’offrirait un réseau municipal non seulement pour l’accès à la haute vitesse, mais pour les forfaits pouvant enfin s’offrir aux résidents en milieu rural (téléphonie, télévision, télécommunications). Et à des prix comparables à ceux offerts en milieu urbain, précise M. Fréchette.

Sans nécessairement opérer elle-même son réseau, la MRC pourrait permettre à des télécommunicateurs de s’y raccorder, moyennant des redevances. Les besoins ne diminueront pas, dit encore M. Michaud, précisant que la MRC vise bâtir un réseau capable de soutenir la demande. Déjà, le CRTC fixe à une vitesse minimale de 50 mégabits par seconde le débit de téléchargement auquel 90% des ménages et entreprises devraient avoir accès d’ici 2021. «C’est comme l’électricité jadis», observe M. Michaud.

D’un réseau à large bande, on en a besoin pour toutes sortes d’applications et pas qu’à des fins de loisirs. «Il y a ces nouvelles techniques pédagogiques que des profs ne peuvent utiliser parce que tous les élèves n’ont pas accès à la haute vitesse à la maison.» Travailler chez soi, s’entretenir par Skype avec un proche au loin, assurer une surveillance à distance d’un aîné à son domicile, représentent tout autant de fonctionnalités. Il y a tous ces gens qui, dans les milieux agricoles et acéricoles, ont besoin d’une connexion fiable et performante pour faire fonctionner leurs machines et caméras de surveillance, renchérit M. Fréchette. Avec l’éclosion de projets agroalimentaires, l’expansion du commerce en ligne, le milieu rural a également besoin d’une large bande, ajoute Mme Normand. «Et puis, même si on utilise peu Internet, la seule possibilité d’avoir accès à un réseau donne de la valeur à la maison qu’on voudra vendre un jour», signale le préfet.

 

Un projet de plusieurs millions $

La MRC d’Arthabaska s’inspire de ce que la MRC de Bécancour achève ces mois-ci, un réseau de fibres optiques ayant coûté 14 millions $.

Il serait hasardeux d’estimer les coûts pour un tel chantier du côté d’Arthabaska, trois fois plus populeuse et 62% plus vaste que sa voisine de Bécancour.

Les gouvernements d’Ottawa et de Québec disposent chacun d’enveloppes de 100 millions $, budget que la Fédération québécoise des municipalités du Québec (FMQ) juge nettement insuffisant.

La MRC espérerait que le gouvernement fédéral lui verse une contribution équivalente à la moitié de la facture. Du gouvernement provincial, elle ne connaît pas encore les critères d’attribution de la subvention. Si les gouvernements répondaient positivement et rapidement à sa demande, les autorités de la MRC espéreraient un premier branchement en 2018.

Il y a plusieurs façons de répondre au sondage : par le site web de la MRC à l’onglet nouvelles (www.mrc-arthabaska,qc.ca), par le site web des 22 municipalités, en faisant parvenir un courriel à la MRC (info@mrc-arthabaska.qc.ca). Le préfet demande à tous, même à ceux qui utilisent peu l’ordinateur ou n’ont pas d’accès à Internet de répondre au sondage, papier s’il le faut, des formulaires étant disponibles dans les bureaux municipaux et au centre administratif de la MRC (150, rue Notre-Dame Ouest à Victoriaville).

 

Source : En campagne, l’internet basse vitesse n’est pas une fatalité, La Nouvelle, Hélène Ruel, 21 février 2017